Vendanges 2024 : un millésime bouleversé, la viticulture mondiale à la croisée des chemins

L’année 2024 restera comme une campagne viticole historique… mais pour de mauvaises raisons. À l’échelle mondiale, la production de vin est tombée à 225,8 millions d’hectolitres, son niveau le plus bas depuis 1961, selon les données de l’Organisation internationale de la vigne et du vin (OIV). Une chute de près de 5 % par rapport à 2023, reflet de la violence des aléas climatiques et des pressions sanitaires sur les vignobles.

Une consommation en berne, un commerce sous tension

La demande mondiale n’a pas suivi un meilleur chemin. La consommation a reculé à 214,2 millions d’hectolitres, soit une baisse de 3,3 % en un an. Jamais les amateurs de vin n’avaient si peu rempli leurs verres depuis plus de soixante ans. Inflation, crise économique et nouvelles habitudes de consommation pèsent lourdement, notamment en Chine et sur les marchés européens.

Le commerce international résiste, mais à quel prix ? Les volumes exportés se sont maintenus à 99,8 millions d’hectolitres, légèrement en dessous de la moyenne quinquennale, tandis que la valeur a atteint 35,9 milliards d’euros. Cette stabilité masque en réalité une flambée des tarifs : le prix moyen à l’exportation a franchi les 3,60 €/litre, reflet de la rareté croissante des vins disponibles.

France : un millésime meurtri par les éléments

En France, la vendange 2024 a pris des allures de cauchemar. Avec une production estimée entre 37 et 39 millions d’hectolitres, le pays enregistre une chute de près de 20 %, l’une des plus sévères de son histoire récente. Du gel printanier aux épisodes de grêle, en passant par les pluies incessantes favorisant le mildiou, peu de régions ont été épargnées.

À Chablis, symbole de ce millésime, certains domaines ont perdu jusqu’à 65 % de leur récolte, contraints de vendanger en un temps record. Les témoignages des vignerons oscillent entre désarroi et résilience.

Tradition contre innovation : le dilemme français

Face à ces pertes, le débat enfle : faut-il tourner la page de certains cépages historiques ? Dans les colonnes de la presse internationale, des experts suggèrent même de réintroduire des variétés hybrides américaines, longtemps bannies, mais réputées plus résistantes. Pour la viticulture française, attachée à son terroir et à ses traditions, la proposition a des airs de révolution.

La carte du vin mondiale se redessine

Le millésime 2024 confirme aussi une tendance de fond : le changement climatique déplace les frontières du vin. Tandis que Bordeaux ou Rioja luttent pour préserver leur identité, des régions naguère jugées trop froides – Angleterre, Scandinavie, Pologne – voient émerger de nouvelles opportunités.

Ce basculement interroge : le terroir, socle culturel et économique du vin, peut-il survivre à une telle mutation ? Entre adaptation nécessaire et fidélité aux origines, le monde du vin se trouve à un tournant décisif.

OdisViti ©

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