a) Les « VIFA » et cépages résistants entrent dans les décrets
Bordeaux a ouvert la voie : Arinarnoa, Castets, Marselan, Touriga Nacional (rouges), Alvarinho/Liliorila/Petit Manseng (blancs) sont intégrés à titre d’adaptation avec des limites strictes : ≤ 5 % de l’encépagement par domaine et ≤ 10 % dans l’assemblage (selon cahiers des charges actualisés). Champagne expérimente Voltis (cépage résistant), avec plafond 5 % du vignoble et ≤ 10 % du blend. Impact : styles plus frais/acidité mieux tenue, mais typicité à piloter dans le temps.
b) Irrigation sous conditions : un tabou qui s’estompe
Le principe reste l’interdiction du 1er mai à la récolte en AOC, mais des dérogations encadrées existent dans les cahiers des charges ; des appellations (ex. Côtes-du-Rhône) obtiennent désormais des autorisations ciblées pour sécuriser la pérennité des rendements. La presse spécialisée acte le virage : l’irrigation devient un outil d’adaptation assumé, sans vider l’ AOP de son sens si son usage reste proportionné.
c) Vers une AOP plus « évolutive »
L’INAO travaille explicitement à faire évoluer les cahiers des charges face au triple défi climat/marché/société. Dans le débat académique, on voit émerger l’idée d’une durabilité formalisée à côté (ou au sein) de l’origine. Pour l’investisseur, traduire cette plasticité en stratégie produits (couleurs, styles, segments) est devenu un levier de création de valeur.
Coûts de changements de pratiques dans la gestion du vignoble
- Itinéraires de culture et charges à l ’ha : référentiels de Chambres d’agriculture montrent un coût de production raisin autour de 9–10 k€ /ha dans un scénario « 50 hl/ha » (hors commercialisation), fortement dépendant des rendements réels et des intrants (lutte mildiou). Les conversions bio augmentent la main-d’œuvre et exposent davantage aux années de forte pression maladie si l’équipement n’est pas adapté.
- Plantation/palissage : en Bourgogne, un coût moyen de ~43 k€ /ha (équipement + palissage) est un bon ordre de grandeur, variable selon densité/pente. Guides récents en IDF donnent des décompositions (plants, poteaux, fils, palissage) autour de 25 k€ d’intrants hors M O/mécanisation.
- Arrachages ciblés : la crise combinée (marché, climat, mildiou) a fait émerger des plans d’arrachage avec soutien public (Gironde), ce qui peut reconfigurer rapidement un bassin. Pour un acquéreur, intégrer les coûts d’assainissement/restructuration et l’impact sur l’offre autour.
Ce que disent les principaux supports prosO
- Vitisphère documente au fil des saisons : sévérité du mildiou 2023, capex de protection (filets 7–15 k€/ha), multiplication des projets d’irrigation (2 000 €/ha raccordement + ~2 000 €/ha goutte-à-goutte), intégration progressive des VIFA et arbitrages de styles/couleurs à Bordeaux. Le ton : adaptation coûteuse mais inévitable.
- La Revue du vin de France (RVF) met en avant l’irrigation comme « solution vitale » dans les AOP les plus stressées, et relance le débat sur les cépages résistants après la vendange 2024.
- Le Monde vulgarise pour un public élargi : vendanges plus précoces, –18 % en 2024, et cas concrets de réutilisation d’eaux usées en Languedoc pour sécuriser des vignobles littoraux. Utile pour cadrer le « risque climat » au-delà du seul micro-économique.
- Institutions filière (IFV/INAO/CNIV) : un plan d’action climat (réglementation, expérimentation, transfert) suit sa trajectoire, confirmant une AOP qui s’adapte via cépages, pratiques et outils.
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